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La télésurveillance pour optimiser l’intervention des soignants en oncologie au CLCC de Caen

Tic Santé

Le Centre François-Baclesse utilise depuis décembre 2023 le dispositif de télésurveillance de la société Cureety qui a été le premier à obtenir la prise en charge anticipée (Peca) d’un dispositif médical (DM) numérique pour son logiciel Techcare dans la télésurveillance des adultes atteints d’un cancer sous traitement systémique et/ou traités par radiothérapie en octobre 2023.

L’oncologie fait partie des six indications remboursées. La télésurveillance est remboursée à 100% pour le patient et l’établissement touche 28 euros par mois par patient actif (qui a rempli au moins un questionnaire par mois).

Le suivi régulier est associé à une amélioration de l’état des patients et il est important de renforcer la coordination des professionnels autour du patient, a rappelé François Gernier, coordinateur recherche en soins au Centre François-Baclesse, lors d’une session organisée sur le stand de la Fédération Unicancer.

La télésurveillance avec ce type d’outil a été mise en place pour faire suite à un programme de suivi baptisé Optima (optimisation de la médecine ambulatoire) que proposait déjà le CLCC au moyen d’une plateforme téléphonique et d’un questionnaire standardisé soumis aux patients 48 heures avant leur venue au centre.

L’objectif était d’avoir un système plus inclusif que l’appel téléphonique, notamment pour les patients ayant des séquelles d’un traitement de cancer des voies aérodigestives supérieures (VADS) qui ne peuvent pas parler, et aussi de mieux suivre les patients tout au long de la période passée chez eux et non pas seulement juste avant de revenir au centre pour une nouvelle chimiothérapie, alors que le gros des effets secondaires était en général passé, a-t-il expliqué.

De plus, le questionnaire réalisé par un appel téléphonique avec Optima était parfois inopportun, trop intrusif pour le patient et très consommateur de temps pour les soignants (environ 2,5 équivalents temps plein -ETP- d’infirmière).

L’hôpital de jour du Centre François-Baclesse reçoit 100 à 105 passages par jour et 95% des patients étaient appelés avant leur venue.

L’outil de télésurveillance de la société Cureety a été retenu pour l’agilité qu’il permet pour réajuster le questionnaire, son design et sa navigabilité aisée. Il fallait aussi l’interfacer avec le dossier patient informatisé (DPI), la gestion administrative des patients ou encore la facturation, a témoigné François Gernier.

Les patients connectés répondent à un questionnaire standardisé et cela fonctionne par niveau d’alerte pour classer les patients en quatre catégories: « état correct », « fragilisé », « à surveiller » et « critique », a poursuivi la Dr Audrey Faveyrial, cheffe de service à l’hôpital de jour du centre caennais.

« Nous nous sommes engagés à appeler les patients classés en ‘à surveiller’ ou ‘critiques' », a-t-elle rapporté.

Au moment où les patients en ont le plus besoin

L’utilisation du dispositif a débuté le 19 décembre 2023 pour des patients sous chimiothérapie intraveineuse. Actuellement, 600 patients sont enrôlés dans la télésurveillance. La plateforme est accessible depuis un smartphone, une tablette ou un ordinateur.

L’avantage de la télésurveillance est que l’on appelle et accompagne les patients « au moment où ils en ont le plus besoin », alors qu’avec le dispositif Optima construit sur l’organisation de l’hôpital de jour, ils étaient appelés avant la cure suivante et souvent à distance des effets secondaires, a souligné Audrey Faveyrial.

Ces outils permettent de mieux positionner les ressources soignantes, a-t-elle souligné.

Le niveau de réponse est gradué. Quand le patient répond au questionnaire, il reçoit un accusé de réception indiquant que le bilan a été vu, ce qui apporte une « réassurance ». Puis selon la situation, l’équipe soignante lui envoie un message (une recommandation de traitement contre la diarrhée par exemple) ou l’appelle jusqu’à le faire revenir au centre si besoin.

Le développement du projet a nécessité un accompagnement des professionnels médicaux et paramédicaux pour gérer le changement d’outil, a mentionné le Dr Faveyrial.

Une évaluation de la satisfaction faite auprès de 494 patients indique qu’ils sont presque tous satisfaits ou très satisfaits de ce suivi à distance. Ils trouvent « utiles et pertinents » les messages thérapeutiques envoyés et plus de 80% sont satisfaits du délai de réponse des soignants.

Ils sont très nombreux à dire qu’ils le recommanderaient à un autre patient.

Le témoignage d’une patiente présenté en vidéo a montré que le système lui convenait très bien car elle apprécie de pouvoir répondre au questionnaire quand elle en a envie alors que l’appel téléphonique pouvait la déranger dans certaines situations.

Une étude prospective, multicentrique et randomisée, évalue l’impact de l’ajout de la télésurveillance aux soins habituels (dont le protocole Optima ou équivalent) sur la réduction du nombre d’appels téléphoniques sortant du centre au cours d’une période de suivi de deux mois. Le Centre François-Baclesse en est le promoteur.

Un déploiement plus large

La télésurveillance est aussi déployée depuis début mai en radiothérapie dans le cancer du sein (premières patientes incluses) et celui de la prostate, a précisé François Gernier.

En juin, l’outil sera déployé pour l’hormonothérapie adjuvante en hôpital de jour dans le cancer du sein et pour l’hormonothérapie de deuxième génération dans le cancer de la prostate et à partir de 2025, pour les thérapies ciblées orales.

« On monte graduellement car il y a des besoins RH. L’outil ne suffit pas; il faut prévoir un parcours de soins avec des ressources humaines qualifiées », ce qui nécessite de la formation, a-t-il préconisé.

Avec Optima, l’équipe a réalisé un gain en performance pour l’hôpital de jour en oncologie (taux de rotation, patients accueillis) permettant d’absorber l’activité supplémentaire de 5% par an à peu près depuis 10 ans, tout en réduisant la durée de prise en charge des patients qui restent juste le temps nécessaire à l’hôpital (grâce à une réduction du temps de production des poches de chimiothérapie).

La télésurveillance, elle, permet un « accompagnement renforcé dans les périodes à fort risque d’effets secondaires ». C’est « un porte-voix direct des patients vers l’équipe de soins » et « un outil de réassurance et d’accompagnement ». Elle permet aussi de « suivre activement les patients en cours de traitement en graduant l’offre de soins », a résumé le professionnel.

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